
Depuis quelques semaines, à Banfora, ils sont obligés de se nourrir, de se laver et satisfaire d’autres besoins le temps que le trafic reprenne à nouveau sur la RN7. Eux, ce sont les chauffeurs routiers qui ont quitté la Cote d’Ivoire et qui, sans le savoir, sont bloqués depuis les premières heures du blocage de cette route le 8 octobre dernier. Les petits commerces tirent-ils leurs épingles du jeu ? Comment vivent-ils ce blocage du trafic routier ? Quelques tenanciers réagissent sur la question.
Judicael S.SOMBIE
Selon cette tenancière de kiosque et de restaurant, Diarra Honorine, à Bounouna, secteur 9 de Banfora, « ça va un peu, le marché c’est un peu un peu », dira-t-elle. Visiblement, ce n’est pas la grande satisfaction car parfois les chauffeurs et leurs apprentis ont opté pour la plupart de faire eux-mêmes la cuisine, explique-t-elle. Pour Dicko Mamoudou, grilleur de viande, le marché est lent malgré la forte présence des routiers. « Il n’y a pas la route et les difficultés liées à la galère existent », dira le grilleur de viande pour qui, les chauffeurs qui n’ont pas le pouvoir d’achat viennent de temps en temps payer. « Eux aussi sont en train de se débrouiller.
Dicko Mamoudou « Si tu vois que quelqu’un ne paie pas à manger c’est qu’il n’a pas d’argent »
Et si tu es en train de débrouiller, tu ne peux pas chaque fois payer la viande. Il faut que tu te cherches d’abord », a poursuivi Dicko Mamoudou, qui est resté formel soutenant que depuis deux semaines que les camions sont stationnés dans son secteur, il n’a pas senti de changements majeurs dans ses recettes. « Si tu vois que quelqu’un ne paie pas à manger c’est qu’il n’a pas d’argent », conclu-t-il.
Sagnon Chata « Ils viennent payer les condiments ici et vont faire leur cuisine «
Sagnon Chata est aussi commerçante de légumes. « Le marché, ça va un peu. Ils viennent payer les condiments ici et vont faire leur cuisine », lance-t-elle. « Nous souhaitons qu’ils partent sinon ils séjournent ici il y a longtemps. Certains disent même qu’ils n’ont plus d’argent sur eux », a-t-elle poursuivi, précisant que malgré leur situation, ces voyageurs ne prennent pas de crédits. « Ils sont bloqués ici et le marché ça va un peu, mais nous implorons Dieu pour qu’une solution soit trouvée afin qu’ils puissent reprendre leur route », a laissé entendre pour sa part Aïcha Soma, vendeuse de poissons frits. « Ce que je vends ce n’est pas une nourriture qui peut rassasier.
Aïcha Soma, vendeuse de poissons frits
Donc je ne sens pas que mes recettes ont augmenté comme il faut. Ils veulent manger mes poissons mais ils ont un problème d’argent », conclura-t-elle, soutenant que souvent elle prépare chez elle pour venir soutenir certains de ces transporteurs.
Sagnon Kadiatou, restauratrice, a expliqué qu’elle ne peut faire de bonnes affaires. « C’est vraiment stressant, ces gens font pitiés ici parce qu’il y en a qui n’ont même pas à manger. Il y a les marchandises qui se gâtent dans les véhicules », soutiendra-t-elle, tout en affirmant que « cette situation n’est pas à notre faveur. Il y a la galère et c’est presque la même chose comme avant dans mon commerce. En tout cas il y a le monde mais il n’y a pas le marché. Quand les gens viennent ils se débrouillent pour manger comme ils ne savent pas quand la situation va se résoudre. Ils se débrouillent avec le peu qu’ils ont ».
Assata Hema, gérante de maquis « Tous les jours que Dieu fait je leur prépare à manger ».
Chez Assata Hema, gérante de maquis à côté de la salle polyvalente de Bounouna, la satisfaction n’est pas au rendez-vous. « Au début quand ils sont venus, j’ai commencé à préparer pour eux et ils mangeaient. Ceux qui sont là présentement disent qu’ils n’ont pas les moyens. Tous les jours que Dieu fait je leur prépare à manger. Ils mangent le matin, à midi comme le soir. Certains ont même voulu que je leur prête de l’argent afin qu’ils paient à manger », a soutenu la gérante de ce maquis.
En claire, la familiarité s’est installée entre certaines commerçantes et leurs étrangers qu’ils n’ont pas souhaités. « Tu ne peux pas voir un être humain qui est là, tu prépares, tu manges et tu le laisses. Je ne trouve pas cela humain », a poursuivi Assata Héma, convaincue qu’elle est que le bien fait n’est jamais perdu.
Une autre tenancière de maquis explique que ces chauffeurs et leurs apprentis restent assis chez elle toute la journée sous les arbres. Mais ils ne paient pas de boissons. Seul un chauffeur vient de temps en temps payer sa bière.
C’est dire que le séjour forcé est assez critique pour ses chauffeurs routiers et leurs apprentis. Si bien que les affaires dans les environs de leurs stationnements ne bougent pas véritablement. Tous souhaitent une diligence dans la réparation du pont de Tarfila pour la délivrance de ces centaines de chauffeurs et leurs apprentis.
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